Jusqu’à présent, Infrabel a bénéficié de dérogations administratives l’autorisant à utiliser les herbicides pour désherber les voies. Néanmoins, le groupe travaille depuis plusieurs années à réduire leur utilisation. Ainsi, il a testé cette année un « train à eau chaude » – un développement belge, soit dit en passant – comme une alternative réaliste à l’utilisation de pesticides.
Infrabel travaille depuis plusieurs années à réduire l’utilisation des herbicides. Mais tant en Belgique qu’ailleurs, ces produits chimiques restent nécessaires pour lutter contre les mauvaises herbes dans les assiettes ferroviaires. À Infrabel, on ne trouve plus personne pour défendre l’utilisation inutile et à long terme des herbicides. Néanmoins, en Belgique et sur les autres réseaux ferroviaires européens, ils restent « un mal nécessaire » afin d’assurer la sécurité du trafic ferroviaire et du personnel. La croissance de la végétation dans le ballast (la couche de pierres sous les traverses qui sert d’amortisseur) peut perturber la géométrie millimétrique des voies et leurs propriétés de drainage (par exemple, l’écoulement des eaux de pluie), compromettant ainsi la sécurité des trains. La végétation à feuilles persistantes aux abords des voies peut également gêner le personnel d’entretien, qui doit inspecter le réseau ferroviaire à pied. Mais elle peut aussi cacher certains défauts ou empêcher la visibilité des signaux.
Infrabel gère plus de 8000 kilomètres de lignes ferroviaires et a obtenu des dérogations à l’interdiction des pesticides pour des périodes limitées et éventuellement renouvelables. En plus de ces dérogations, Infrabel utilise plus souvent des techniques mécaniques afin de lutter contre les mauvaises herbes dans les voies accessoires (comme les gares de triage). Pour traiter les « voies principales », l’entreprise se penche sur des solutions viables d’un point de vue technique et financier. Le « train à eau chaude » testé dans l’est du pays au cours de l’été paraît déjà porteur d’espoir.
Dans le petit monde des opérateurs européens d’infrastructures ferroviaires où chacun cherche désormais des solutions de remplacement aux herbicides, la Suisse a été le premier pays à tester un train destiné à éliminer la végétation à l’aide d’eau chaude. Infrabel s’est inspiré de ce prototype et a développé sa propre technologie innovante. Le train à eau chaude fabriqué en Belgique fait l’objet d’une série de tests. Auparavant, des tests avaient été prévus en automne 2021. Ce train innovant mesure 180 mètres de long et se compose de deux locomotives encadrant cinq wagons. Trois d’entre eux sont des citernes bien isolées contenant 3 x 50 000 litres d’eau portée à 90°C. Les deux autres wagons contiennent le dispositif de chauffe, un groupe électrogène et des ordinateurs qui pilotent le système de déversement. Deux buses sont situées de part et d’autre des citernes pour traiter les voies de sécurité latérales. Quatre autres se trouvent sous les citernes afin de traiter spécifiquement le ballast. Dans sa configuration actuelle, ce « train H2O » se déplace à 20 km/h, ce qui est suffisant pour ne pas gêner le trafic des trains. Avec trois à six m3/km d’eau chaude déversée, le train peut traiter plusieurs dizaines de kilomètres par jour. Dans les zones à biodiversité spécifique aux abords des voies, le train n’asperge que le ballast. À raison de trois à quatre passages par an (contre deux avec les herbicides), l’usage d’eau chaude pourrait ralentir suffisamment la croissance de la végétation.
Ces premiers tests sont encourageants et seront prolongés, début 2023, principalement sur une partie de l’axe ferroviaire allant d’Anvers à la frontière allemande. Le temps aussi que ce train- prototype devienne écologiquement plus performant. À l’avenir, l’eau sera chauffée à l’aide de pellets ou d’une pompe à chaleur à l’avant du train. Un dispositif informatique de détection de la végétation, recourant à l’intelligence artificielle, actionnera les pompes de façon autonome afin de réduire les quantités d’eau utilisées.
Depuis 2019, Infrabel suit un plan de réduction de pesticides, dont l’objectif est de désherber les voies principales et accessoires d’une manière alternative ou préventive.
Dans les voies accessoires, comme les gares de triage, un plan d’action vise à diviser par 2 les surfaces traitées d’ici fin 2023 en recourant notamment à la fauche, au sarclage ou encore à l’arrachage. Ces techniques mécaniques ne sont malheureusement pas généralisables, car, outre le budget exorbitant qu’elles exigeraient à l’échelle du réseau, elles prendraient un temps considérable et nuiraient fortement à la fluidité du trafic. Afin d’éviter d’une manière structurelle la croissance des mauvaises herbes sur les pistes de sécurité (pour la circulation du personnel), Infrabel intègre également des aménagements préventifs (béton, asphalte, sable-laitier) lors des travaux de renouvellement.
L’intention est donc de se concentrer fortement sur une combinaison d’options plus respectueuses de l’environnement telles que l’acide pélargonique et le train à eau chaude. À ces dispositifs s’ajouteront peut-être à l’avenir des herbicides biologiques (encore en cours de développement) et des systèmes électriques. Cette méthode permettra à terme un entretien des voies plus respectueux de l’environnement.§