A travers cette rubrique, nous voulons faire évoluer l’image de défaitisme du secteur des parcs et jardins qui ne trouve pas de personnel, ou des travailleurs qui viennent s’y former avant de chercher du boulot dans un autre secteur. Cette fois-ci, nous vous présentons Gaëtan Lits, qui est head greenkeeper au golf du Bois d’Arlon, un tout nouveau club de golf niché dans un écrin de verdure de pas moins de 220 hectares et qui vient d’ouvrir ses portes au grand public.
Gaëtan Lits: ‘En tant que head greenkeeper, je suis responsable de l’entretien du parcours, de la gestion des équipes, de même que de la planification budgétaire et de l’aspect environnemental pour le site. Concrètement, je suis donc les opérations quotidiennes sur le terrain, et je planifie aussi ce qui doit être effectué sur le plus long terme. Avec le zéro phytos, l’aspect communication envers les membres et les golfeurs a par ailleurs pris beaucoup d’importance. Nous devons expliquer en permanence ce que nous faisons et pourquoi. La plupart des joueurs comprennent, même si nous avons plus de mal avec ceux jouant à l’étranger ayant l’habitude de parcours où les phytos sont encore autorisés.’
‘Début 2022, j’ai accepté de relever le défi du Bois d’Arlon, ce qui n’était pas une mince affaire. Il fallait en effet suivre le chantier avec l’architecte et la société de construction, mais également préparer le terrain, déterminer les besoins en machines, de même que constituer et former une équipe. Nous sommes à présent 14 personnes. En plus de mon assistant, l’équipe se compose de deux mécaniciens, de 9 greenkeepers et d’un apprenti.’
Gaëtan: ‘Après mes débuts en tant greenkeeper chez Jardin-Net, puis en tant qu’assistant head greenkeeper à Hulencourt, je voulais sortir de ma zone de confort et relever un nouveau défi. J’ai donc postulé au Bois d’Arlon, qui était une opportunité unique en Belgique. Suivre et encadrer la création d’un parcours 27 trous n’est en effet pas donné à tout le monde. J’ai été engagé et relever ce défi de taille impliquait de démarrer d’une page blanche et donc d’apprendre à connaître et apprivoiser un tout nouveau terrain. C’est un défi qui apporte beaucoup de satisfactions, même si je me demande encore parfois la nuit si on va arriver à peaufiner les moindres détails comme on le voudrait. Mais j’ai la chance d’être entouré par une équipe incroyable.’
Gaëtan: ‘Pour moi c’est tout d’abord la possibilité de façonner et d’entretenir un espace naturel incroyable, de travailler en extérieur et de voir jour après jour les résultats de son travail. J’apprécie aussi particulièrement de travailler dans un climat de confiance, tant envers la direction qu’envers mon équipe, ce qui facilite grandement le travail. C’est d’autant plus enrichissant lorsqu’on a la chance de travailler avec une équipe qui devient de plus en plus compétente et qui donne chaque jour le meilleur d’elle-même. Par ailleurs, je trouve qu’il est très gratifiant d’avoir comme défi constant de garder le parcours dans un état optimal en permanence, même si cela implique des moments de stress de temps à autre.’
‘Enfin, il est très important à mes yeux de pouvoir transmettre les connaissances acquises à des jeunes. J’ai ainsi la chance d’avoir un apprenti motivé de 16 ans à qui je fais découvrir le métier et je suis ravi de voir qu’il progresse chaque semaine dans son travail.’
Gaëtan: ‘Chaque métier implique des choses moins agréables. A mes débuts, je passais mes journées sur le terrain. A présent, mon boulot implique également une partie administrative. Je dois ainsi anticiper un maximum, que ce soit au niveau des commandes d’intrants ou la préparation d’événements, tandis que la météo influence fort le planning. Je peux ainsi prévoir des tâches pour toute mon équipe le soir, et être obligé d’adapter le planning le lendemain matin parce que la météo ne permet pas telle ou telle autre intervention.’
‘En tant que jeune responsable d’équipe, il n’est par ailleurs pas toujours évident de se faire entendre. J’ai exercé le métier de greenkeeper à différents endroits en Belgique et à l’étranger, et il arrive pourtant parfois qu’on n’écoute pas mes conseils qui ont pourtant déjà été vécus et expérimentés ailleurs.’
Gaëtan: ‘Je me suis déjà posé plusieurs fois la question et honnêtement je n’en ai aucune idée. Le métier de greenkeeper est un peu fou et l’engagement dans un projet tel que celui du Bois d’Arlon implique de sacrifier beaucoup pour sa réussite. Mais avec la passion, rien n’est impossible. Cette passion qui m’anime est à mes yeux incontournable pour y arriver. Je suis d’autre part un grand passionné de cuisine. Si je devais un jour quitter les greens, je me verrais alors peut-être bien dans les cuisines d’un grand restaurant.’
Gaëtan: ‘Mon plus grand rêve professionnel serait de participer un jour à l’organisation de la Ryder Cup, que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis. Cette année, un autre rêve professionnel va se réaliser. Je suis en effet volontaire pour participer à l’organisation des jeux olympiques à Paris. Pendant 2,5 semaines, j’irai préparer le terrain du Golf National à Paris en vue des épreuves olympiques. J’ai hâte d’y être.’
Gaëtan: ‘C’est une question assez difficile, car malheureusement il n’existe pas de formation officielle en Wallonie. La ‘mission wallonne des secteurs verts’ a proposé un certain temps une formation de greenkeeper, mais elle a entretemps été supprimée du programme. Je pense que le mieux est de commencer par des études d’horticulture en secondaire ou en tant que bachelier, voire même de devenir bioingénieur par la suite. Plusieurs formations spécifiques sont par ailleurs proposées en France, comme au CFPPA-UFA des Flandres à Dunkerque, ou aux Pays-Bas. D’une manière générale, notre métier a fortement évolué avec l’arrivée du zéro phytos en 2018. Il faut tenir compte de davantage de facteurs et les techniques ont beaucoup progressé. Il faut rester vigilant au quotidien, savoir quelles solutions apporter et intervenir rapidement en cas de problème, tout en restant en permanence à l’écoute des conditions climatiques.’§