Le pâturin annuel: amie ou ennemie ?

25 avril 2025

Le pâturin annuel est une herbe très compétitive qui pousse rapidement, monte en graine très facilement et se propage ensuite à une vitesse fulgurante. 

Ces dernières années, je me suis davantage intéressé aux causes profondes de certains indicateurs (y compris les herbes et les graminées indésirables) et aux maladies des graminées. 

À partir de là, nous pouvons chercher une solution pour travailler sur la cause réelle au lieu de pulvériser pour contrôler les symptômes. Cette dernière solution est la plus facile au monde, mais si l’on ne s’attaque pas à la cause, on devra répéter sans cesse le même traitement des symptômes et on ne progressera pas en termes d’amélioration du sol. Les causes les plus courantes du développement du pâturin annuel sont les suivantes : 

1. Zones ouvertes et zones dénudées : Le pâturin annuel est l’un des plus grands pionniers à occuper un espace ouvert. Ces zones peuvent être créées par une scarification trop précoce alors qu’il n’y a pas ou peu de croissance, lors d’une éclaircie due à une maladie hivernale ou même après une sécheresse. 
2. En tondant trop fréquemment ou trop superficiellement : Le pâturin annuel prospère sur des hauteurs de tonte basses, surtout si elles sont trop fréquentes. Ce pâturin annuel a un point de croissance bas et fleurit même à une hauteur de tonte de < 5 mm.
3. Des sols trop humides ou mal drainés. Dans les articles précédents, j’ai parlé de la mousse qui aime également ce genre d’endroit (mal drainé et humide). Eh bien, le pâturin annuel aime aussi les sols humides et compacts. Les substrats trop arrosés ou mal drainés augmentent les chances que cette petite plante s’installe.
4. Manque d’équilibre nutritionnel ou apport trop important d’azote : un apport excessif d’azote stimule la croissance des feuilles et la colonisation rapide par le gazon des rues ; en outre, le pâturin annuel pousse plus rapidement sur les sols plus riches que les autres graminées.
5. Trop d’ombre ou peu de lumière : si vous avez un endroit très ombragé ou peu ensoleillé et que les graminées actuelles ne tolèrent pas l’ombre, le pâturin annuel prendra souvent le dessus.
6. Peu de vie dans le sol ou un microbiome perturbé : les sols sains avec une grande diversité de vie dans le sol et une bonne structure rendent la survie du gazon plus difficile.

Ces dernières années, nous avons constaté une période de sécheresse prolongée au printemps, généralement en mars et/ou avril. Cette période est souvent accompagnée d’un faible vent du nord ou du nord-est. C’est à ce moment-là que l’on commence à voir fleurir le pâturin annuel. Quelle en est la raison ? 

Il s’agit d’une réponse au stress et d’un comportement photopériodique :

• Courants d’air froid : les vents du nord et du nord-est apportent souvent de l’air sec et froid. Cet air froid peut stresser la plante herbacée. Le pâturin annuel qui subit un stress réagit en fleurissant pour se reproduire. 

• Intensité lumineuse et longueur du jour : au printemps (mars/avril), lorsque le ciel est dégagé et qu’il n’y a pas de vent, l’intensité lumineuse est plus importante et les températures plus basses. Le pâturin annuel est très sensible à la photopériode et aux températures de la lumière et répondra par une floraison plus abondante dès que les conditions le permettront. Le Poa est d’ailleurs l’une des premières graminées à fleurir. 

• Déclencheurs thermiques : la combinaison de nuits froides et de journées ensoleillées donne lieu à d’énormes différences de température, où le pâturin annuel se remet en mode de stress et fleurit.

• Horloge biologique : le pâturin annuel est génétiquement réglé pour fleurir en masse au début du printemps, juste au moment où le vent vient du nord et où la vie du sol est lente à démarrer.

Comment s’attaquer à ces causes ? Quelques conseils. 

A. Prenez les bonnes mesures (pénétromètre, analyse de sol)

B. Limitez les apports élevés d’azote au printemps

C. Semez régulièrement et sélectivement les bonnes variétés de graminées

D. Ne scarifiez pas trop tôt

E. Évitez les apports élevés d’azote après le mois d’août -> réduisez la pression des maladies

F. Améliorez la vie de votre sol si nécessaire (bacchilus, thrichodermae, protozoaires,…).