Pour de nombreux gestionnaires de terrains de sport, gérer la fertilisation au mieux relève bien souvent du casse-tête. Il faut en effet apporter suffisamment d’éléments nutritifs au gazon afin qu’il reste en bonne forme, sans toutefois exagérer. La mise en place d’un plan de fumure servira de tableau de bord afin de gérer les différents apports de nutriments tout au long de la saison.
La fertilisation a pour but de déterminer et d’apporter aux plantes les nutriments dont elles ont besoin en tenant compte de l’évolution de la saison, du sol et de l’utilisation du gazon afin d’améliorer ou de maintenir
les qualités de ce dernier: densité, résistance au piétinement, résistance à divers stress (hydrique, maladie, froid…), concurrence vis-à-vis des adventices… Tenant compte de ces paramètres, le plan de fumure (ou programme de fertilisation individuel) permet de définir le type d’engrais (minéral, organique…) à apporter au gazon, sa composition (teneur en éléments fertilisants), la quantité à apporter, le moment où cet apport doit être réalisé.
La fertilisation est vitale pour le fonctionnement du métabolisme et la formation du tissu végétal. Elle le sera d’autant plus que le gazon sera sollicité.
L’azote (N) participe à la formation des protéines, à la construction des cellules, à la croissance continue des plantes et à l’amélioration du pouvoir de régénération du gazon.
Le magnésium (MgO), le soufre (S), le calcium (Ca) et les oligo-éléments (Fe, Cu, Mo, Zn, …) favorisent globalement la formation de la chlorophylle, l’absorption de l’énergie solaire, la production d’oxygène, l’assimilation des nutriments et la respiration.
Le phosphore (P2O5) améliore la croissance racinaire, le métabolisme énergétique et la formation des enzymes.
Le potassium (K2O) favorise la solidité des tissus végétaux, la résistance aux stress (hydrique, maladies, froid…), la constitution des réserves qui seront notamment remobilisées durant l’hiver, l’amélioration du métabolisme et la gestion de l’eau.
Il sera nécessaire de tenir compte de quatre facteurs principaux lorsqu’on veut établir un plan de fumure: les besoins de la plante, l’état de fertilité du sol, le type d’engrais utilise et les caractéristiques physiques et chimiques des éléments qu’il contient, de même que la période et la fréquence des apports.
Les besoins des plantes en éléments nutritifs sont influencés par les espèces présentes ainsi que par le type et l’intensité d’utilisation du gazon. On estime généralement qu’un gazon de sport très utilisé consomme, en période de végétation et en moyenne, 1 kg d’azote/jour/ha, donc environ 30 kg/mois/ha. La période de croissance s’étalant sur 8 à 9 mois, les consommations d’azote seront donc de 240 à 270 kg d’azote/an/ha.
Une plante ajuste sa croissance sur l’élément qui est le moins présent (donc minimum ou limitant). En plus d’être présents en quantité suffisante, les éléments fertilisants doivent être disponibles pour les plantes dans des proportions adéquates.
L’équilibre des éléments N-P-K pour un gazon sportif sera généralement de 3-1-2 (ex. 210 d’N, 70 de P2O5 et 140 de K2O/an) ou 3-1-3 (ex. 210 d’N, 70 de P2O5 et 210 de K2O/an). Cette proportion est donnée à titre indicatif. Il n’existe pas de proportion entre les éléments minéraux qui soit valable partout, pour tous les types de gazon, parce que les besoins varient en fonction de l’usage, du niveau de piétinement et du niveau de fertilisation. L’engrais universel n’existe pas. En fonction de leurs caractéristiques propres (rôle joué dans le métabolisme des plantes, solubilité…), les éléments nutritifs doivent être apportés au gazon au moment précis où ils lui sont le plus utiles.
L’azote (N) est utile à la plante durant tous ses stades de développement. Etant soluble et donc fortement lessivable, il ne sera pas possible de faire des stocks dans le sol en début de saison. Il devra être apporté de manière régulière tout au long de la saison et d’autant plus fréquemment qu’il est apporté sous une forme rapidement disponible pour les plantes.
Le phosphore (P2O5) favorise le développement racinaire et est peu soluble. La fumure apportée en début de saison sera donc plus riche en phosphore. Le potassium (K2O) permet à l’herbe de notamment mieux résister au stress hydrique, aux maladies, au froid,… Il est donc important que la plante en ait à disposition, essentiellement en milieu et en fin de saison. Etant moyennement soluble, on veillera à réaliser des apports de potassium en doses croissantes au fur et à mesure de l’avancement de la saison.
Les besoins de la plante sont variables en fonction du temps.
L’état de fertilité du sol
Le sol est capable de stocker en quantités variables, plus ou moins longtemps, des substances nutritives et de les mettre à la disposition des plantes plus ou moins facilement. Cette capacité peut être très variable en fonction du type de sol (léger ou lourd), de son état (acide, humifère, filtrant, compact, aéré…) et de sa capacite d’échange cationique (CEC). L’observation et l’analyse de sol permettront d’évaluer ces paramètres qui devront être pris en compte pour déterminer le type d’engrais à apporter, son dosage et la fréquence des apports.
Les nombreux formulations d’engrais proposées par les sociétés spécialisées se différencient en fonction de leur type (minéral, organique et organominéral),
de leur durée d’action ainsi que de la teneur en éléments nutritifs et de la solubilité de ceux-ci dans le sol.
Lorsqu’il est apporté sous forme minérale, l’azote est très rapidement mis à la disposition de la plante, avec un effet rapide mais relativement bref dans le temps (4 à 5 semaines). L’utilisation raisonnée d’engrais azoté minéral peut être envisagée en début et en milieu de saison en combinaison avec une forme à assimilation plus lente et à condition de ne pas trop espacer les épandages (max 6 à 8 semaines). Par contre, les engrais organiques ou longue durée doivent être privilégiés pour l’apport d’automne dans la mesure où cet apport doit couvrir les besoins de la plante pour cette période de l’année, mais sur une longue période (4 à 5 mois).
La période et la fréquence des apports d’engrais sont influencées par l’évolution des besoins du gazon, le type d’engrais utilisé, le type et l’intensité d’utilisation du gazon.
En mars-avril, ce sont surtout les besoins en azote et en phosphore qui sont importants pour réparer le tapis végétal abimé par l’hiver, stimuler la reprise de croissance et favoriser l’enracinement.
En mai-juin, il faudra être particulièrement attentif aux apports en azote et en potassium pour densifier le gazon et anticiper le repos estival et le stress hydrique.En juillet-août, il faut préparer le gazon à profiter pleinement de la relance de croissance automnale en appliquant une fertilisation complète en azote, phosphore et potassium en vue de densifier le gazon, favoriser l’enracinement et favoriser la résistance aux stress divers.
Fin octobre – début novembre, l’accent sera surtout mis sur les apports en potassium pour accumuler des réserves, favoriser la robustesse et stimuler la résistance aux maladies et au stress de l’hiver (humidité, gel…).
Il est très important de veiller à obtenir un épandage régulier et homogène sur l’ensemble du terrain. Tout défaut se traduira par des zones présentant des différences visibles de croissance et de coloration. Il convient dès lors de tenir compte d’un certain nombre de choses:
– Bien doser la quantité épandue. La densité et la granulométrie de l’engrais utilisé influencent la quantité épandue. Avant toute application, il est important de consulter le manuel d’utilisation du distributeur d’engrais et de vérifier si le dosage (réglage de l’ouverture d’écoulement de l’engrais) est conforme au réglage effectué.
– Veiller à une couverture homogène du gazon. La densité et la granulométrie influencent également la largeur d’épandage. Avant toute utilisation d’un épandeur centrifuge, il est important de contrôler la largeur d’épandage et d’adapter le réglage de l’angle d’ouverture des palettes d’épandage, conformément au manuel d’utilisation. De plus en plus de constructeurs proposent des tableaux d’épandage en ligne et/ou une application sur smartphone qui permet d’encoder le type d’engrais, le dosage voulu et la largeur de travail. Sur un épandeur centrifuge, la distribution d’engrais est plus importante dans l’axe d’avancement que sur les bords des bandes traitées. Il faut en tenir compte pour obtenir un bon recouvrement lors des passages successifs en procédant à des chevauchements des zones latérales. Une fois la largeur d’épandage bien maîtrisée, il est important de bien la respecter entre chaque passage. Délimiter des couloirs à l’aide de repères bien visibles (jalons) aide à respecter les passages. Entretemps, certains entrepreneurs et gestionnaires de terrains de sport se sont dotés d’un guidage par gps pour assurer un épandage homogène.
Limiter les accumulations ponctuelles. Lorsque le dosage est trop important, l’engrais provoque des brûlures. Il est donc important de stopper l’écoulement de l’engrais juste avant chaque arrêt. On veillera également à fermer le semoir avant l’arrêt en bout de ligne et ne le rouvrir qu’après le (re) démarrage. Lors du remplissage de l’épandeur, les risques de débordement sont réels. Cette opération doit nécessairement se réaliser en dehors du terrain.
Enfin, il est préférable d’appliquer l’engrais sur un gazon sec. Afin d’éviter que les granulés d’engrais adhèrent au feuillage et ainsi favoriser la pénétration de l’engrais jusqu’au sol