En Belgique, nous n’avons pas souvent l’occasion de voir un nouveau club qui s’installe, en développant un parcours en partant de rien. C’est cependant le cas pour le projet du Bois d’Arlon, Golf and Resort, qui s’étend sur pas moins de 220 ha. Au mois de mars, nous avons eu l’occasion de rencontrer Olivier Boulard, le directeur technique du projet et Gaëtan Lits, le nouveau greenkeeper en chef, qui nous ont fait part de l’avancement de ce projet d’envergure et nous ont par la même occasion permis de jeter un coup d’œil en coulisses. Le projet arrive dans sa phase finale et les joueurs de golf devraient pouvoir arpenter les deux parcours d’ici l’été 2023.
Le golf du Bois d’Arlon, c’est l’histoire de Robert Schintgen, qui rêvait d’un jour posséder son propre parcours de golf. Tout commence en 2011 par l’achat du Château du Bois d’Arlon, ainsi que des 27 hectares de terrain qui le bordent. Après une rénovation en profondeur, le château et le domaine sont loués à partir de 2013 pour des mariages, des fêtes et des banquets. Quelques années plus tard, quelques 190 ha supplémentaires sont acquis, et le projet golfique voit tout doucement le jour. Après différentes démarches administratives préalables, une demande de permis unique est introduite en octobre 2019. Les travaux sur le terrain ont débuté en juin 2021. Après un entretien en profondeur du site, le réseau de drainage a été recréé et les aménagements ont pu débuter. Bien que le terrain ait été modelé pour le golf, il n’y a pas eu d’apport ou d’évacuation de terre en dehors du site.
Le golf d’Arlon comporte deux parcours, le Parkland de 9 trous et le Heathland de 18 trous. Par ailleurs, le site va également abriter un hôtel 4 étoiles de 64 chambres, de même qu’un restaurant et un espace wellness. A terme, ils devraient permettre la création de pas moins de 75 emplois. Afin de faire profiter les joueurs de deux ‘ambiances’ différentes, les parcours ont été dessinés par des architectes différents. Jonathan Davison s’est chargé du Parkland, tandis que Stuart Hallett a pris en charge le Heathland. Une société irlandaise spécialisée dans l’aménagement de nouveaux terrains se charge de la réalisation, avant de passer la main à l’équipe locale pour l’entretien. Gaëtan Lits, le nouveau greenkeeper en chef, a été engagé mi-janvier par le club : ‘Comme nous partons de zéro en ce qui concerne l’aménagement, c’est véritablement un grand atout en ce qui concerne le zéro phytos. Nous avons en effet l’opportunité de choisir les mélanges les mieux adaptés pour les greens ou les fairways par exemple, sans devoir tenir compte d’un précédent qui est en place depuis un certain temps. A ce niveau, nous pourrons vraiment marquer le coup. De plus, et comme le terrain est encore dans sa phase de construction, cela me permet de voir tous les jours l’envers du décor. De ce fait, je bénéficie d’une connaissance plus approfondie du terrain, et cela va certainement faciliter les choses lorsqu’il faudra intervenir vite et prendre la meilleure décision pour le gazon en place.’
‘De même, cet aménagement au départ d’une feuille blanche permet véritablement de dessiner le terrain comme on a envie, de placer les obstacles naturels le mieux possible… et donc de voir le terrain prendre forme véritablement suivant les envies de son propriétaire et des architectes. En tant que greenkeeper, c’est une très belle opportunité de pouvoir vivre une telle aventure, et en Belgique de surcroît!’
‘Un certain nombre d’autres aspects ont également déjà été validés, comme celui des graminées ou des apports d’engrais organiques. Nous sommes aidés pour cela par notre consultant Michel Poncelet, qui suit de près les aspects techniques. Par ailleurs, le parc de machines a été choisi. Nous avons opté pour du matériel Toro. Par ailleurs, nous voulons robotiser deux des trois tondeuses de fairways afin de faciliter le travail. La troisième sera conduite manuellement afin de pouvoir finaliser les détails sur le terrain. Prochainement, je devrai également composer mon équipe de greenkeepers. Les premiers semis ont été réalisés mi-avril, et dès que le gazon va commencer à pousser, il sera nécessaire de l’entretenir correctement en vue de l’ouverture en 2023. D’ici quelques semaines, le travail ne manquera donc pas!’
Au sein du domaine de 220 ha, le parcours de golf en lui-même n’occupera qu’environ 25% de la superficie totale. Pour RS Properties, la société propriétaire du site, le respect du territoire est primordial. Olivier Boulard poursuit : ‘Cette volonté de préserver l’environnement s’exprime bien entendu par le zéro phytos, comme pour tout club de golf, mais également par une série d’initiatives de diminution des ressources extérieures. Le golf sera autonome en eau, mais nous prévoyons également d’installer des panneaux photovoltaïques, de même qu’un dispositif de cogénération à l’hôtel. Sur le terrain même, nous allons replanter pas moins de 30.000 arbres à terme. Jusqu’à présent, 14.000 arbres ont déjà été replantés.’
Lors du projet de construction de ce nouveau golf, la volonté du propriétaire était d’être autonome en eau. Pour ce faire, toutes les eaux de pluie du domaine sont collectées dans plusieurs réserves d’eau d’une capacité totale de pas moins de 120.000 m3. Olivier Boulard poursuit : ‘Nous avons mis en place un système quasi-circulaire, qui nous permet d’être autonome en eau, et c’est important, sans avoir réalisé de forage sur le terrain. De plus, la station d’épuration que nous allons installer à côté du nouvel hôtel va nous permettre de réutiliser les eaux ‘usées’ pour l’arrosage, ce qui renforce encore notre autonomie. C’est également un des avantages de pouvoir développer un tel parcours de golf en partant de zéro, car nous pouvons penser et mettre en œuvre tous les aménagements techniques exactement comme nous le voulons, et sans devoir tenir compte du parcours déjà en place.’
L’installation de ce nouveau club de golf non loin des frontières de plusieurs pays constitue une belle opportunité. Olivier Boulard: ‘En plus d’un public local, qui ne trouve pas toujours où aller jouer à une distance raisonnable de son domicile, nous misons également sur une clientèle plus internationale, et qui pourrait par exemple jouer dans 4 pays différents (Belgique, France, Luxembourg et Allemagne) sur plusieurs jours. On pourrait même envisager d’y rajouter les Pays-Bas. C’est un concept innovant, mais qui peut se révéler fort intéressant. D’autre part, nous voulons être un golf où chacun trouve son plaisir, mais aussi attirer des jeunes pour les former. En misant sur un entretien de haut niveau à tous points, nous misons sur le bouche-à-oreille afin de développer notre clientèle, et pourquoi pas, accueillir de grands tournois un jour. Ce serait la cerise sur le gâteau. Rendez-vous donc en août 2023 pour l’ouverture. Début octobre, les collègues-greenkeepers seront invités à venir découvrir le terrain. Ils trouveront davantage d’informations sur le site internet des greenkeepers belges.’