Antoine Pottier de Merchtem sent ce que les clients veulent

22 octobre 2020
Helena Menten
Helena Menten

Parfois, les gens ont besoin d’années pour découvrir dans quel secteur ils veulent travailler et surtout une profession qui leur permet de donner le meilleur d’eux-mêmes. Mais Antoine Pottier de Merchtem, dans le Brabant flamand, n’a pas dû réfléchir longtemps à ce sujet. En secondaires, il a décidé d’étudier la conception de jardins en vue de créer sa propre entreprise à l’avenir. Entre-temps, son entreprise Gardibel existe depuis plusieurs années et une autre activité est venue s’y ajouter : la demande des clients pour la construction de piscines a été satisfaite par la création d’une deuxième entreprise. Répondre rapidement à la demande des clients est la force de Gardibel.

GreenTechPower: ‘Comment êtes-vous arrivé dans le secteur des parcs et jardins?’

Antoine Pottier: ‘C’est arrivé par hasard. A l’école, je rencontrais des difficultés en secondaires générales ou dans les directions purement théoriques. J’ai rapidement fait le choix d’aller dans une école technique. Il est vite devenu clair que j’ai toujours voulu être à l’extérieur, travailler avec mes mains et faire quelque chose. Le choix a alors été rapidement posé sur l’horticulture. Vous avez la théorie, bien sûr, mais il y avait beaucoup de cours pratiques aussi. Ma mère est décédée pendant mes études. Mon père est paysagiste et avait peu ou pas de temps pour moi à l’époque. Je voulais être en mesure de gagner mon propre argent et puis l’idée est venue à être d’entretenir des jardins après mes heures d’école. J’ai encore un client de quand j’avais 15 ans, un promoteur immobilier pour lequel j’avais l’habitude de broyer son pré et tondre sa pelouse. J’ai pu développer plusieurs jardins pour lui par la suite. J’en suis vraiment fier.’

GTP: ‘N’avez-vous jamais regretté de ne pas avoir continué dans l’enseignement secondaire général?’

Antoine: ‘Parfois, j’ai pensé à reprendre l’entreprise de mon père. C’est un paysagiste indépendant. C’est toujours chouette de pouvoir reprendre une entreprise familiale. Mais en attendant, nous travaillons ensemble sur 20% de nos projets. Nous suivons nos chantiers mutuels de loin également, et à mon avis, c’est aussi bien que de travailler ensemble. Comme chacun a sa propre affaire, cela limite les risques de discussion et avec le recul, c’est sans doute mieux pour tout le monde.’

GTP: ‘Vous avez clairement opté pour un statut d’indépendant?’

Antoine: ‘J’ai toujours eu du mal à travailler pour quelqu’un. Au cours de mon stage, il n’y avait bien sûr pas grand-chose à faire à ce sujet, mais j’ai aussi relevé les défis avec les deux mains. Si vous avez une mentalité d’indépendant, vous ne serez pas vite satisfait en travaillant pour un patron. Vous pouvez obtenir des responsabilités, mais bien sûr c’est plus amusant si vous pouvez tout faire sous votre propre nom.’

GTP: ‘De qui obtenez-vous de l’aide et des conseils pour gérer votre entreprise?’

Antoine: ‘Au début, j’ai eu des trucs et astuces de mon père. Mais après un certain temps, bien sûr, vous devez y arriver par vous-même. A part ça, je me suis encouragé pour continuer à m’informer. En ce moment, j’ai quelqu’un qui fait mes paiements et tout le reste est envoyé à mon comptable. De cette façon, je peux me concentrer sur ce que j’aime vraiment faire.’

GTP: ‘Lorsque nous regardons vos projets, nous voyons que les clients sont principalement en région bruxelloise? Est-ce un choix conscient parce que vous vivez à la campagne?’

Antoine: ‘Non, mais en bout de compte, cela a du sens pour moi. La plupart des gens que je connais dans le secteur professionnel travaillent à Bruxelles. Donc, tout s’est passé automatiquement. Bruxelles est la capitale et est une grande carte avec beaucoup de projets en son sein.’

GTP: ‘Avez-vous l’impression que vos clients réguliers de la ville pensent différemment de ceux de la campagne?’

Antoine: ‘Honnêtement, je ne travaille pas beaucoup pour des particuliers. Vous avez simplement beaucoup plus de possibilités dans une ville. Le travail à Bruxelles se compose également principalement de grands projets exclusifs qui sont vraiment chouettes pour moi. Par exemple, j’ai eu la chance d’aménager le jardin d’un beau loft au cœur de Bruxelles.’

GTP: ‘Remarquez-vous que vous pouvez obtenir des projets supplémentaires par le bouche à oreille?’

Antoine: ‘Oui, c’est vrai. Bruxelles est petite à ce niveau et vous connaissez tout le monde rapidement. Lorsque votre travail est de haute qualité, vous remarquerez que les gens vont vraiment vous recommander à des collègues ou d’autres clients. Il semble comme une grande ville, mais une fois que vous avez fait quelques projets et que vous la connaissez, tout va vite.’

GTP: ‘Comment avez-vous vécu la crise du coronavirus?’

Antoine: ‘Honnêtement, je n’ai rien remarqué de tout cela. Mes contrats étaient signés à l’avance, donc j’ai eu pas mal de travail de prévu, et j’ai juste continué à travailler. Mes offres étaient signées et les dossiers étaient prêts. Comme notre secteur fonctionne pratiquement toujours en plein air, nous avons toujours été autorisés à continuer à le faire, à condition de suivre les règles imposées. Honnêtement dit, c’était un soulagement, après tout, rester assis n’est pas pour moi.’

GTP: ‘Nous avons appris que vous alliez élargir vos activités?’

Antoine: ‘Oui, c’est vrai. Le nom Gardibel est plus axé sur le jardin pour les particuliers. Entre-temps, cependant, nous nous sommes étendus à de plus grands travaux d’aménagement, de terrassement et d’empierrements. Dans cette évolution, Gardibel est un nom qui ne correspond plus vraiment. Je l’utiliserai toujours parce qu’il représente le début de tout. Mais on va créer une seconde structure.’

GTP: ‘Pourquoi avoir précisément choisi d’élargir ces activités?’

Antoine: ‘Je veux pouvoir faire une distinction pour moi-même et pour les autres et surtout grandir en ce qui concerne les grands chantiers. Je travaille beaucoup pour les entrepreneurs, syndics et promoteurs immobiliers. Ce sont aussi souvent les mêmes. J’ai un large réseau de clients professionnels, mais chez les syndics, vous avez une source avec différents réseaux attachés à elle. Chez un particulier, vous faites votre travail et c’est fini pour ce client. Si vous avez terminé un excellent travail par l’intermédiaire d’un syndicat à la pleine satisfaction, vous obtiendrez rapidement d’autres projets. Après tout, un promoteur immobilier a plusieurs bâtiments qui demandent un jardin.’

GTP: ‘Voulez-vous alors proposer davantage de tâches en gestion propre à vos clients?’

Antoine: ‘Oui, le camion que j’ai acheté récemment était un investissement pour moi-même. Les coûts de transport et de terrassement sont devenus si élevés que j’ai fait mon calcul et que je suis arrivé à la conclusion que cela allait être beaucoup moins cher pour le client et moi-même. Cela permet également de travailler beaucoup plus efficacement. Vous devez toujours compter sur des entreprises ou des fournisseurs externes pour le transport qui, bien sûr, ont aussi d’autres clients à servir. Si j’avais besoin d’un transport urgent et que ce camion était occupé ailleurs; je devais alors trouver une autre solution à la minute. Ce n’est pas agréable de travailler ainsi. Il est alors préférable d’investir dans son propre matériel.’

GTP: ‘Accordez-vous la préférence à l’achat ou à la location?’

Antoine: ‘Louer n’est pas une mauvaise chose à première vue. Si vous allez investir efficacement dans des machines spécifiques, alors vous devez faire un calcul quant à savoir si c’est intéressant. Certains projets nécessitent une grande pelleteuse; tandis que pour d’autres une mini-pelle suffit. Transporter une grande grue dans Bruxelles n’est pas toujours facile. Lorsque vous louez, vous pouvez faire déposer la grue sur le chantier et elle sera ensuite à nouveau chargée à cet endroit. Si une machine fonctionne très peu d’heures, alors vous allez avoir des coûts inutiles. Une machine doit pouvoir être rentabilisée sur un laps de temps déterminé. Une fois que mon entreprise sera plus à niveau, il y aura davantage de possibilités pour investir. Pour le moment, la location est préférable.’

GTP: ‘Disposez-vous des compétences techniques pour entretenir vos machines vous-même?’

Antoine: ‘ J’ai l’habitude de savoir quoi faire s’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond avec mes machines. Personnellement, je ne vais pas consacrer beaucoup de temps à les réparer. Je n’ai pas le temps pour tous mes projets. Je préfère payer pour cela et pour mon niveau d’activité, c’est efficace. Je vais déposer ma machine chez le réparateur avec mes commentaires. Cela permet également à ces personnes d’intervenir plus rapidement et j’ai mes machines de retour plus rapidement. Si j’avais assez de temps, je ferais davantage moi-même.’

GTP: ‘Vous travaillez avec des sous-traitants. Est-ce un choix délibéré?’

Antoine: ‘Oui, je ne veux pas supporter la responsabilité et les coûts du personnel permanent. Je l’ai fait une fois, et j’en suis revenu rapidement. Je pense aussi que tout le monde doit gagner sa vie et cela fonctionne mieux quand vous travaillez avec des sous-traitants. Je travaille souvent avec les mêmes indépendants, ce qui permet de dégager une sorte de sentiment d’équipe. S’il faut travailler plus dur ou qu’un projet doit être achevé à temps, il est préférable de travailler avec des gens qui travaillent aussi dur que vous; et qui vous connaissent.’

GTP: ‘Comment voyez-vous l’avenir?’

Antoine: ‘J’ai vraiment envie de grandir mais de manière organique. Je travaille maintenant souvent de 4h45 du matin jusqu’à minuit parfois, voire même toute la nuit quand c’est nécessaire. Vous devez également penser à vous-même et surtout à votre santé. Lorsque j’aurai 40 ans, je veux travailler avec du personnel. Maintenant, l’accent est mis sur la reconnaissance du nom et je veux travailler très dur moi-même afin qu’à l’avenir le personnel aie constamment leur travail. Enfin, il est important pour moi que tout ce que je fais soit quelque chose dont les gens autour de moi et moi-même pouvons être fiers. J’ai rejoint le secteur en étant très jeune et ce secteur m’a également aidé à faire face à la mort subite de ma mère. Cette pensée m’encourage à livrer un travail dont elle aurait également été fière.’

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