Le club de golf Liège-Gomzé réfléchit à des solutions durables

22 octobre 2020
Christophe Daemen
Christophe Daemen et Golfclub Liège-Gomzé

Cette fois, nous sommes partis à Andoumont, non loin de Liège, à la découverte du club de golf de Liège-Gomzé. Jean-Luc Gavroy, le manager du club, est également administrateur auprès de l’AFGolf et suit de près les évolutions en ce qui concerne la réglementation zéro phytos. Jusqu’à présent, le Covid-19 a eu peu d’impact pour le club, car le parcours a rapidement à nouveau ouvert après le confinement. Grâce aux bonnes conditions météo des derniers mois, de nombreux membres sont par ailleurs venus jouer plus souvent que d’habitude. Nous avons rencontré Jean-Luc Gavroy début juillet.

Le club de golf de Liège-Gomzé a été inauguré officiellement en 1988. Ce parcours de golf de 18 trous s’étend sur une superficie d’environ 52 hectares, et est bordé de nombreuses plantations. Le conseil d’administration songeait depuis un certain temps à agrandir le parcours et, récemment, le permis pour la construction d’un autre parcours de 9 trous a été approuvé. Il va occuper 20 hectares supplémentaires. Normalement, les travaux allaient commencer cette année, mais compte tenu de la situation actuelle, le club a décidé d’attendre un peu plus longtemps. Gomzé compte actuellement environ 600 membres. Jean-Luc Gavroy, le manager du club, poursuit : ‘Jusqu’à présent, je peux dire que cela a été une bonne année de golf pour nous, en partie grâce au Covid-19. La plupart des membres avaient déjà payé leurs cotisations et le golf a également été l’un des premiers sports à être pouvoir être pratiqué après le confinement. Après tout, il est parfaitement possible de maintenir une distance suffisante entre les joueurs, ces derniers jouent de plus en plein air et sur un terrain assez vaste, de sorte que l’occupation reste faible en toutes circonstances. D’autre part, nous remarquons que de nombreux membres viennent plus régulièrement parce que d’autres activités sont limitées ou parce qu’ils ne vont pas à l’étranger. Jusqu’à présent, nous ne pouvons certainement pas nous plaindre. L’année prochaine, ce pourrait être une autre paire de manches, surtout si nous observons une deuxième vague d’infections à l’automne, mais nous n’en sommes pas encore là, nous aviserons en temps utile.’

‘Nous avons également profité de l’occasion pour proposer des stages de découverte sous le nom de ‘Green Summer’. L’initiative s’est avérée être un grand succès. Comme de nombreuses personnes ne partent pas en congé, elles viennent ici pour une semaine pour apprendre à jouer au golf. Cela nous permet également de mieux faire connaître ce sport, et de faire découvrir notre beau club par la même occasion. Nous ne devons en effet pas oublier que de nombreux membres pratiquaient un sport différent comme le tennis, par exemple, avant de s’intéresser au golf.’

Le zéro phyto n’est pas évident

Il y a six ans, le club de golf de Gomzé a décidé de passer au zéro phytos, à l’époque sur base volontaire. Jean-Luc Gavroy poursuit : ‘Nous voulions jouer un rôle de pionnier à l’époque, même si nous regrettons tant d’années plus tard qu’aucun produit phyto n’est autorisé aujourd’hui sur les terrains de golf wallons. Parfois, nous ne venons tout simplement pas à bout d’une maladie et nous avons besoin d’une solution pour, par exemple, être en mesure de pulvériser une ou deux fois par an contre la fusariose ou le dollar spot. Entre-temps, le choix des graminées semées sur nos greens a été adapté aux nouvelles exigences; mais même ainsi certains problèmes persistent. En tant qu’administrateur et responsable environnement de l’AFGolf (Association francophone belge de golf), je tiens à souligner que les terrains de golf font beaucoup en termes d’espaces verts et de biodiversité. Seuls les greens sont en effet entretenus de manière intensive. Le reste du parcours est entretenu de façon naturelle, car l’entretien intensif de toute la surface du site serait de toute façon beaucoup trop coûteux. En raison de ce traitement naturel, les terrains de golf sont la plus grande réserve naturelle de Wallonie, mais c’est en général malheureusement oublié.’

Soutenir davantage encore les clubs de golf

‘L’AFGolf a ensuite mis sur pied, et en concertation avec la GAB, une cellule ‘Green Care’ pour réfléchir aux possibilités à envisager et ensuite proposer des solutions à ses membres. Plus précisément, chaque membre met un green à disposition pour tester un certain nombre de choses et ensuite comparer les résultats obtenus. La loi zéro phytos a par ailleurs ouvert la porte à une sorte de ‘marché parallèle’ où de nombreux produits ‘naturels’ sont proposés alors que leur utilité n’a été nullement prouvée. Certains d’entre eux seraient même nuisibles à long terme; mais ils peuvent cependant encore être utilisés. En attendant, nos greenkeepers disposent de la phytolicence obligatoire et suivent régulièrement des formations adaptées. Comprenne qui pourra.’

Début juin, AFGolf a signé un partenariat avec la GEO Foundation, une association internationale chargée du développement d’un golf responsable et écologique. Concrètement, les clubs de golf wallons disposent du logiciel ‘On Course’ pour cartographier la biodiversité, analyser leur consommation d’énergie et optimiser leurs ressources en vue de la certification. Jean-Luc Gavroy poursuit : ‘Cette approche, de même que par exemple le projet Green Care et les solutions IPM (Integrated Pest Management) visent à trouver des solutions durables et écologiques pour l’entretien de nos terrains de golf wallons. Un certain nombre de projets, comme la luminothérapie, font actuellement l’objet de tests et de recherches plus poussées.’

L’entretien journalier

Cinq personnes sont employées à temps plein afin d’assurer l’entretien quotidien du terrain de golf. En outre, des étudiants et des stagiaires viennent compléter l’équipe lors des pics de travail saisonniers afin de garder le terrain de golf toujours en parfait état. Jean-Luc Gavroy : ‘Afin de gagner du temps lors de la tonte, on s’assure que les joueurs ne peuvent partir qu’une fois que les tondeuses ont terminé leur travail. De cette façon, les machines restent le moins possible immobilisées. Au début, il a été nécessaire de bien expliquer les choses parce que certains membres veulent commencer à jouer très tôt le matin, mais depuis tout le monde a réalisé que c’était la meilleure solution. Presque tous les travaux d’entretien sur et autour du parcours sont effectués en interne. Ce que nous faisons nous-mêmes, nous le faisons mieux et cela nous permet également de mener certaines tâches à bien au moment qui nous arrange le mieux, sans devoir tenir compte de l’agenda ou des impératifs d’une société externe. Seuls les travaux très spécifiques sont confiés à des tiers car ces machines ne peuvent pas être rentabilisées sur notre terrain. Nous disposons donc d’un parc de machines assez conséquent, et nous disposons également de presque toutes les machines en double. D’une part afin d’être en mesure de tondre plus vite, mais aussi de pouvoir continuer à travailler si l’une d’entre elles devait être en panne.’

‘En ce qui concerne le choix des machines, nous optons pour un bon rapport prix/qualité. La plupart des tondeuses sont de la marque John Deere tandis que les tracteurs viennent de chez Kubota. Il est parfois frustrant de voir que les machines pour les terrains de golf sont extrêmement chères à l’achat en comparaison, par exemple, aux machines agricoles, mais on ne peut cependant rien y changer.’

Cela fait entretemps déjà 10 ans que Frédéric Cahay est le consultant de service. Jean-Luc : ‘C’est grâce à lui que nous avons fait le pas vers le zéro phytos assez rapidement. En tant que consultant, il a une vision large de ce qui se passe dans le secteur et peut intervenir plus rapidement si un problème survient. Il passe par ailleurs beaucoup de temps à l’étranger beaucoup, et nous avons donc également la possibilité de découvrir, tester et appliquer des techniques nouvelles ou différentes. Quand il a commencé ici, par exemple, nous avions un gros problème avec le feutre; mais ce problème est heureusement sous contrôle depuis un certain temps maintenant.’
Il conclut: ‘Comme je joue moi-même aussi au golf, je peux plus facilement savoir ce qui se passe sur le parcours et de cette façon je peux planifier un certain nombre de choses plus spécifiquement. Grâce à cette approche, notre parcours de golf est toujours parfaitement entretenu, en tenant compte des exigences de nos membres et de celles de l’équipe d’entretien.’

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